jeudi 26 juin 2014

mes aventures cinématographiques au Burundi...

Une projection cinéma au Burundi annonce souvent une soirée pleine de rebondissements...

Quand tu arrives à 18h et que le film de la séance précédente termine à 18h30;

Quand au milieu du film, des techniciens te demandent de faire passer un câble sous tes pieds;

Quand une coupure de courant interrompt le film pendant 10 minutes;

Quand le film passe à une vitesse accélérée de quelques milisecondes;

Quand le film n'est sous-titré que les 15 premières minutes, vu qu'ils n'ont pas eu le temps de sous-titrer tout le film;

 Quand lors d'une projection en extérieur, l'écran s'effondre...


lundi 9 juin 2014

Les milles collines

Le pays des mille collines, ce n’est pas que le Rwanda, c’est aussi le Burundi.

Les deux pays sont de vrais jumeaux, aux paysages, à la langue et à la culture similaires, si bien que même une fois la frontière passée, on n'est jamais bien sûr de savoir où l'on est.

A peine sortis de Bujumbura, nous voilà transportés dans l’univers des collines: routes qui grimpent, virages abrupts qui s'enchaînent et paysages à couper le souffle aux milles nuances de vert: eucalyptus, champs de thé, de caféiers, rizières...




Ces collines, c'est l'identité du Burundi. Pas seulement un relief du paysage, mais une vraie organisation sociale. Chacune a un nom, un chef de colline, une histoire, des traditions.



Sortir de la capitale, c'est aussi découvrir la réalité de ce pays encore à 90% rural: on y croise des femmes le long de la route, marchant inlassablement vers le point d'eau ou le marché le plus proche, paniers tressés en équilibre sur la tête, bidons de plastique jaune à la main; 


Des écoliers infatigables sur le chemin de l'école; et très peu de voitures, un luxe trop cher pour l'écrasante majorité de la population. Ce sont donc les cyclistes et les piétons qui règnent sur le macadam. Ces cyclistes aux jambes d'acier qui pédalent encore et toujours, avec sur leur porte-bagage des sacs de charbon, des chaises empilées, des régimes de bananes...


 

Et quand la montée est trop dure, on paie un camion pour se faire tirer vers le sommet! 







Ikanye ou ishushe ?


La scène se déroule dans un cabaret (ou bar) burundais:

A l'approche du serveur: "Je prendrais une bière s'il-vous-plaît"

le serveur: "la bière, ce sera chaude ou froide?"

moi (après un long moment de perplexité): "euh... froide".

Oui, ici, une bonne bière se déguste tiède, à savoir à température ambiante (dans les 25°). Autant dire que ça surprend quand on vient de Bruxelles et qu'on a l'habitude de savourer une blonde bien fraîche au comptoir.

Visiblement, si les belges ont exporté leur goût de la bière avec la colonisation, les Burundais la dégustent néanmoins à leur manière. En même temps, vu les coupures d'électricité fréquentes, on peut deviner l'origine de cette drôle d'habitude.




Entendu à Buja ou la richesse imagée du français du Burundi...

Au détour d'une réunion ou d'un couloir, quelques expressions qui m'ont bien fait rire:

"On n'est pas sorti de la berge"

"Après avoir lu les conclusions du rapport, je suis resté sur ma soif"

"Hélas, ça n'a pas marché, le projet est tombé dans l'eau"

"Deux semaines viennent de s'écrouler sans que la pluie ne soit tombé sur la province de Cibitoke" (oui, par ici, le temps s'écroule)


"Il pense qu’il peut faire la pluie et le bon temps comme il veut"
 

Il ne faut pas oublier que le Français n'est pas la langue maternelle des Burundais et que la plupart le parle pourtant très bien. Heureusement pour nous, pauvres étrangers, car le Kirundi (la langue du pays) est si complexe et fait de métaphores, qu'aligner 3 mots est déjà un exploit, salué souvent par les locaux, très fairplay en la matière.

jeudi 22 mai 2014

Karibu Muzungu


Retour en arrière... Nous sommes en octobre 2013 et chargée de mes 40 kilos de bagages (dont beaucoup s'avèreront inutiles), je débarque à Bujumbura. Capitale du Burundi, au nom exotique. Rien qu'à le prononcer on se sent déjà loin de nos terres européennes.

Il ne me faudra pas attendre plus de quelques minutes pour être interpelée et entendre ces mots qui me poursuivront partout les premiers mois et encore aujourd'hui: "Karibu Muzungu!" ou bienvenue le blanc. 

Oui, ici, se faire appeler "muzungu" ou le blanc n'a rien de choquant. On imagine mal l'inverse chez nous (politiquement correct quand tu nous tiens...). Après tout, je suis blanche, c'est une évidence, alors de quoi pourrais-je bien m'offusquer?

A peine sortie de chez moi, ça fuse de tous les coins:  "Muzungu", "Muzungu", "Muzungu", simplement pour attirer mon attention, me sourire ou me vendre un fruit, un journal ou des fleurs (souvent 4 fois le prix, bien sûr, c'est ça aussi être "muzungu"). 

Quoiqu'il en soit, je comprends vite que cela signe pour moi la fin de l'anonymat... Je suis l'étrangère au teint pâle, celle qui est différente, qui n'est que de passage, mais qu'on observe et qui fait rire avec ses manières bizarres, ses vêtements d'ailleurs et sa voix grave.

Et comme tout est l'occasion de faire du business, des t-shirts pour les muzungu rebelles qui ne veulent plus de cette étiquettes sont en vente à Kigali ou Kampala...